• PARTIE I

    Le contexte et le recul historique influent sur les œuvres.

     

    a) Les œuvres contemporaines, proches de la guerre.

     

    La Seconde Guerre Mondiale fut une guerre totale, car tous les moyens ont été tournés vers l’effort de guerre. Et le cinéma resta un moyen de communication fortement actif au cours de cette période. Dans les pays libres tels que les Etats-Unis fleurit une sorte de « guerre de propagande ». Il faut pour cela désigner et dénoncer l’ennemi par le biais du cinéma, tout en rappelant les valeurs qu’il faut défendre.

     

                En 1940, Charlie Chaplin réalise un film de contre-propagande qui est une sorte de détournement de toute la propagande nazie.

    Charlie Chaplin a eu l’idée du Dictateur en 1938 après avoir lu le livre nazi Les juifs vous observent où il est décrit comme un écœurant acrobate juif. Il fréquentait alors des Juifs à Los Angeles et donc était au courant de la situation en Allemagne. Il se sent d’ailleurs très concerné par le sort des juifs. Le tournage du Dictateur commence le 9 septembre 1939, C'est à dire huit jours après l'invasion de la Pologne par les Nazis et six jours après la déclaration de guerre de la Grande-Bretagne et de la France à l'Allemagne. Comme la réalisation du film est contemporaine au contexte du film, il la modifie en fonction de la réalité, notamment en incluant l’épisode de la Nuit de Cristal au cours du tournage et anticipe même la naissance des camps de concentration. Chaplin a fait en sorte que son film retranscrive les agissements d’Hitler et la situation en Allemagne. Cependant, il tourne des éléments en dérision en donnant une dimension burlesque au Dictateur. Le film se passe donc pendant la seconde Guerre mondiale lorsque Hitler est au pouvoir de l'Allemagne nazie et qu'il envahi progressivement l'Europe et les Juifs sont discriminés et enfermés dans des Ghettos.

     

    PARTIE I

     

                Charlie Chaplin (de son vrai nom Charles Spencer Chaplin) est né le 16 avril 1899 et est mort le 25 décembre 1977. C’était un acteur, un réalisateur et un scénariste britannique et une icône du cinéma muet grâce à son personnage Charlot. Il joua dans plus de 80 films durant sa carrière (qui dura plus de 65 ans); Son enfance extrêmement difficile dans les quartiers pauvres lui inspirera le scénario de l'un de ses films: Le kid. Après avoir étudié la pantomime, il obtient ses premiers contrats au théâtre et y rencontre Stan Laurel du duo comique Laurel et Hardy constitué en 1927. Lors d'une tournée aux États Unis, le studio Keystone lui propose un emploi. On lui demande alors d'improviser un déguisement et c'est ainsi que Charlie Chaplin crée le personnage de Charlot le vagabond. A partir de 1914, il réalise lui-même ses films qui rencontrent un immense succès. Il fonde l’United Artists (sorte de coopérative distribuant les œuvres de ses fondateurs) avec Douglas Fairbanks, Mary Pickford et D.W Griffith le 5 février 1919. Charlie faisait de simples sketches dénonçant des problèmes de la société comme par exemple Les Temps modernes qui dénonce la « robotisation » des usines et qui sera son plus grand succès. Il ne croit pas au cinéma parlant et il faudra attendre Le Dictateur en 1940, une satire de l'invasion allemande en Europe et une caricature du Führer pour qu’il ajoute des dialogues audio. Le film est censuré et interdit en Europe et ne sortira en France qu'en 1945.

     

    PARTIE I

     

    Ce film commence lors de la première guerre mondiale ou un soldat juif de Tomania (pays imaginaire), est blessé dans un accident d’avion. Il devient alors amnésique et reste à l’hôpital tout en ignorant les évènements extérieurs de son pays. Vingt ans après, il retourne dans son ghetto et essaie de reprendre sa boutique de barbier. Il se rend alors compte que le pouvoir est aux mains d’un dictateur, Hynkel, et que le pays est dirigé par des troupes paramilitaires. Il fait alors la connaissance de Hannah, une Juive également, et en tombe amoureux. Alors que des miliciens s’apprêtaient à pendre le barbier, un officier allemand à qui le barbier a sauvé la vie pendant la guerre le reconnaît et le place sous sa protection. Malgré son poste haut placé dans le gouvernement de Hynkel, il s’oppose à l’invasion de l’Osterlich et est condamné aux camps de concentration. Il organise son évasion et trouve refuge chez son ami le barbier mais la milice les arrête tous les deux et les envoie dans des camps de concentration. Pendant ce temps, le pouvoir de Hynkel s'étend, il reçoit la visite du dictateur italien Napaloni. Par la suite, Hynkel envahit l’Osterlich. Le barbier et Schultz, l'officier, s’échappent du camp. Cependant des officiers militaires les trouvent, mais prennent le barbier, qui ressemble comme deux gouttes d'eau au dictateur, pour Hynkel en personne et l'emmènent pour prononcer un discours. Le héros lancera un discours sur la démocratie et la tolérance, qui est totalement l'opposé de celui de Hynkel.

     

                Le dictateur est l'un des films les plus engagés de l'Histoire. Cette œuvre est satirique et utilise le rire pour dénoncer et se moquer du nazisme lors de la seconde guerre mondiale. Le personnage de Hynkel est évidemment une caricature de Adolf Hitler, et ce film fait ressortir l'horreur de ce dernier ainsi que de son régime politique (Par exemple la scène ou Hynkel joue avec le globe terrestre dénonce avec humour la volonté d'Hitler de conquérir le monde) Ce film est engagé. Charlie dénonce le nazisme et la discrimination des Juifs tout en restant drôle. Il envoi également un message pacifique et humaniste à la fin du film. Charlie, étant un acteur et metteur en scène de films comiques, a créé ce film pour faire rire, mais avant tout pour adoucir des faits graves. Il veut faire prendre conscience aux gens de l'horreur de la dictature (pas uniquement le Nazisme, mais aussi le fascisme) Chapelin a également réalisé ce film pour convaincre les États-Unis à intervenir dans ce conflit (qui entrainera la seconde guerre mondiale) Cependant, ce film ne fera rien changer: Les États-Unis n'entreront en guerre qu'en 1941 et le film sera censuré en Allemagne.

     

                Charlie Chaplin a réalisé ce film parodique et satirique dans le but de dénoncer des faits très graves (nazisme) tout en adoucissant la vérité pour la rendre plus acceptable. Il cherche à instruire le public, à le faire se rendre compte que ce qui se passe est grave et qu'il faut agir, mais prend quand même distance avec la réalité. Il rend les dictateurs ridicules, et enlève toute l'horreur et la cruauté nazie. Il veut envoyer un message de paix pour éviter la guerre mondiale mais ce fut un échec. Chaplin a subit des pressions de la United Artists à propos de ce film politiquement sensible, car les Etats Unis n'étaient pas encore engagés dans le conflit mondial à cette époque. Le film fut largement censuré, et les avis dessus étaient très mitigés. Ce film n'a donc pas du tout fait changer l'opinion publique et n'a pas empêché la seconde guerre mondiale. Malgré les réactions négatives du public à l'époque, Le Dictateur est à présent considéré comme un pur chef d'œuvre. Il a obtenu plein de récompenses et est un des films les plus cultes. Ce film peut être considéré comme un film de résistance contre le nazisme ainsi que le fascisme. Il ridiculise la dictature et le discours de fin est un message antinazi qui est pour la liberté de tous.

     

     

    Boris Vian est né en 1920 et mort en 1959, et a vécu en France, vivant là-bas la Seconde Guerre Mondiale. C'est un artiste difficile à classer car très contradictoire, considéré comme rebelle à tout engagement et développe même des « idées politiques » utopiques, utilisant un style noir avec ironie et dérision. Il traite de nombreux thèmes dont la guerre, qu'il aborde sur le mode satirique. C’est un antimilitariste qui tient la guerre en horreur, la considérant comme une horreur qui « déshumanise » et réduit les hommes à des « tas de types » « anonymes », à de la chair à canon.

    De même, Boris Vian comme beaucoup de ses concitoyens, ignorait l'horreur des camps de la mort, mais a particulièrement été frappé par les massacres du débarquement en Normandie. Confronté alors à une réalité qui le dépasse, il écrit par la suite « Je ne me suis pas battu, je n’ai pas été déporté, je n’ai pas collaboré, je suis resté quatre ans durant un imbécile sous-alimenté parmi tant d’autres. ».

     

    Il va écrire sa nouvelle Les Fourmis suite au débarquement, et elle sera publiée dans la revue « Les Temps modernes » en 1946, un an après la guerre.

    En voyant le titre de cette œuvre, on pourrait penser que « Les Fourmis » sont ces soldats nombreux, anonymes et grouillants se faisant décimer de manière aléatoire pour un objectif plutôt incertain.

    Cependant, à la toute fin du récit, on découvre que ces « fourmis » sont celles que ressent le soldat : ce dernier a marché sur une mine.

    « Je suis toujours debout sur la mine. […] J'ai lancé aux autres ce que j'avais dans les poches et je leur ai dit de s'en aller. […] Je n'ai gardé que mon carnet et mon crayon. Je vais les lancer avant de change de jambe et il faut absolument que je le fasse parce que j'en ai assez de la guerre et parce qu'il me vient des fourmis. »

    Ainsi, ces phrases sont les dernières que le soldat va écrire dans son carnet avant de le lancer loin de lui et de la mine.

    La nouvelle prend tout à coup une nouvelle portée : après avoir survécu à l'horreur d'assauts sans merci, de batailles aussi violentes qu’improbables, voilà que le soldat pose le pied sur une mine, scellant son destin.

    « Les Fourmis » est une nouvelle d'une douzaine de pages écrite par Boris Vian à la fin de la guerre, voire légèrement après, dont l'histoire semble calquée sur celle du débarquement en Normandie. Le personnage principal et narrateur est un soldat, américain si on en croit le contexte, qui raconte son quotidien depuis son arrivée sur la plage.

    Cette nouvelle est présentée à la manière d’un carnet de bord de soldat, dont l’écrivain serait alors le narrateur.

    Le récit n’est clairement daté ni dans le temps, ni dans l’espace, ne laissant que quelques indices au lecteur pour qu’il devine le contexte : une « plage » arrosée de « pluie ». Une ellipse temporelle de 6 mois vient indiquer que la nouvelle se prolonge dans d’autres combats, nous laissant supposer que le contexte regroupe une bonne partie de la bataille de Normandie.

     

    Le débarquement en Normandie, de nom de code « opération Neptune », est une opération des troupes alliées en Juin 1944 visant à prendre d'assaut les plages de Normandie. Cette opération avait deux objectifs : établir une tête de pont sur la côte Normande pour ensuite y acheminer renforts et ravitaillements.

    Dans la nuit du 5 au 6 Juin, des divisions britanniques et américaines sont parachutées ou débarquées en planeur. Le jour J (D-Day en anglais) a lieu le débarquement et le lancement de l'assaut : les 5 plages de la côte Normande sont assaillies, de nom de code Utah Beach et Omaha Beach pour les Américains, et Sword Beach, Juno Beach et Gold Beach pour les Anglo-Canadiens.

    Les soldats vont se charger de nettoyer les plages et leurs abords de forces allemandes, et ce sous le tir ennemi.

    Le Débarquement marque le début de la bataille de Normandie, plus grande bataille de la Seconde Guerre Mondiale sur le plan militaire.

     

    L'assaut de la plage d'Omaha fut le plus sanglant : le hasard, jouant en la faveur des Allemands, les avait préparés à un exercice anti-invasion la nuit-même. Cela combiné à de mauvaises conditions météo perturbant l'arrivée des blindés, les américains débarquèrent dispersés, moins nombreux et presque à découvert. On estime les tués et blessés américains dans la première vague à plus de 40 %, et la prise de la plage fut un véritable massacre.

    On peut relier cet événement à la première phrase de la nouvelle, qui dès sa lecture nous plonge immédiatement dans le contexte, provoquant un effet de choc :

    « On est arrivés ce matin et on n'a pas été bien reçus, car il n'y avait personne sur la plage que des tas de types morts ou des tas de morceaux de types... »

    On peut facilement déduire que ce soldat arrive sur la plage juste après la première vague, découvrant les cadavres à la fois des ennemis et des camarades.

    Toute la nouvelle est ainsi ponctuée d'une série de descriptions et anecdotes aussi réalistes qu'absurdes, mettant en valeur le côté totalement absurde de la guerre et, quelque part, de la vie.

     

     

     b) Après la guerre, on cherche toujours à retranscrire ses faits.

     

     

    La Seconde Guerre Mondiale demeure l’un des évènements majeurs du XXème siècle, et ne cesse de nourrir le cinéma de nos jours.

     

    La Vie est belle est inspiré de faits réels de la période de la seconde guerre mondiale de 1939 à 1945. Ce film est une comédie dramatique italienne sortie en salles en décembre 1997 en Italie. Même s'il n'est volontairement jamais cité dans le film puisqu'il est avant tout une fable, un conte moderne et non un film historique, le camp dans le film est en partie inspiré du camp d'Auschwitz (qui est cité dans le générique de fin). Tous les camps d'extermination nazis étaient situés en Europe de l'Est, et ont été libérés par l'URSS. Mais dans le film, le camp est libéré par l'armée américaine. Benigni, le réalisateur de ce film, a aussi contacté un ancien détenu du camp d'Auschwitz et un historien, ce qui a contribué à rendre le film plus réaliste. Dans ce film, Benigni parle donc de la guerre, du nazisme, des camps de la mort, et de la Shoah.

     

    Roberto Benigni est né le 27 octobre 1952 en Toscane. C'est un acteur, réalisateur de cinéma et de télévision italien. Il remporte l'Oscar du meilleur acteur et du meilleur film en langue étrangère pour son film « La vie est belle ».

     

    L'histoire commence en l'année 1938. Guido est un jeune homme plein de gaieté et de vitalité. Avec son ami Ferrucio, il quitte la campagne toscane pour chercher le bonheur en ville. Malgré les tracasseries de l’administration fasciste, Guido rêve d’ouvrir une librairie. En attendant, il est engagé comme serveur au Grand Hôtel.

    Guido est tombé amoureux d’une maîtresse d’école, Dora. Pour la conquérir il invente toutes sortes de rencontres, son imagination et sa liberté finissent par enchanter la jeune femme. Dora est promise à un bureaucrate du régime. Comme dans les contes de fée, Guido l’enlève le jour de ses fiançailles.

    Cinq ans plus tard, Guido et Dora ont eu un fils : Giosuè. Mais les lois raciales sont entrées en vigueur en Italie. Et Guido est juif. Un jour, Dora rentre à la maison et ne trouve ni fils, ni mari. Ils ont été déportés. Par amour pour eux, Dora monte de son plein gré dans le train qui les emmène. A l’intérieur du camp de concentration, Guido n’a plus qu’une obsession : sauver son enfant de l’enfer.

     

    PARTIE I

     

    Mais qu’est la Shoah ? « Shoah » est un mot hébreu signifiant "catastrophe", désignant l'extermination systématique des Juifs perpétrée par le régime nazi durant la seconde guerre mondiale de 1941 à 1945. Près de 6 millions de Juifs (5 700 000 d'après l'estimation du tribunal de Nuremberg), soit les deux tiers des Juifs d'Europe, hommes, femmes et enfants, furent assassinés durant cette période pour des raisons racistes dans les camps d'extermination de Pologne et d'Union Soviétique.
    Selon Hitler et les dirigeants nazis, la race juive était une menace pour la pureté du sang allemand et donc pour la préservation de la race aryenne. L'extermination des Juifs fit l'objet d'un programme politique nommé "Endlösung", soit la solution finale, appliqué systématiquement en Allemagne et dans tous les pays alliés ou occupés.

    L'organisation du crime, les méthodes employées, le nombre approximatif des victimes nous sont connus. Nous savons ce qui est arrivé mais nous continuons à ne pas comprendre comment cela a pu arriver. De par sa complexité et sa monstruosité, la Shoah demeure un défi à la conscience morale de l'humanité.

     

    La cruelle réalité est introduite par petites touches, plus ou moins discrètes, comme par exemple au moment où le petit Josué raconte à son père que « les Allemands font du savon et des boutons avec les Juifs », ce qui fait référence à l’usage de la peau et des organes Juifs par les nazis pour faire des objets (abat-jours par exemple).

    Le message que Benigni, fils de déporté et admirateur de Primo Levi, veut faire passer, est que la Shoah est avant tout absurde. Donc pourquoi faire croire des absurdités à un enfant? L'humour est justement l'arme la plus redoutable contre la dictature, et Benigni espère, et nous aussi, que les hommes ne referont plus jamais un tel acte de barbarie. « La vie est belle » est donc un film à voir comme un devoir de mémoire, sans jamais nuire à la mémoire de tous les déportés, Roberto Benigni montre la volonté d'un père de ne pas mêler son fils à l'horreur de la situation, à lui laisser son innocence. Il s'en est extrêmement bien sorti car il signe ici une fable exceptionnelle ou il arrive, par le biais d’une créativité sans faille, à créer des situations comiques tout en faisant référence à des épisodes peu glorieux de l'histoire et sans tomber dans le grotesque.

    La Vie est belle est considérable comme un film sur la Shoah. Sous cet angle, on peut observer un lien à partir de deux registres opposés : l'un s'inscrit sur l'impossibilité de la représentation réaliste de la catastrophe, l'autre sollicite ceux qui ont vécu les horreurs des camps.